20h00. Samedi. Une équipe d’ANAK-Tnk est en maraude.
L’éducateur de rue, le volontaire et l’assistante sociale sont affairés à récupérer les différents documents afin que Ryan, 9 ans, puisse rejoindre la fondation et quitter la rue.
Au loin une ombre se détache dans la nuit. Sur le trottoir, entre un arbre et une voiture, la silhouette de Rudy est à l’arrêt. Rien ne bouge à part le bâton qu’il a dans la main. Nous réalisons vite que ce bâton lui permet de « voir ». Rudy est un « lolo » ou grand-père de 65 ans, il est aveugle et s’affaire depuis 15 minutes à trouver son lit, qui se résume à un simple bout de tissu laissé en tas un peu plus loin. Rien n’y fait, Rudy n’arrive pas à mettre la main dessus. Il change de direction, revient sur ses pas, et sans repères continue de se perdre dans les 3 m² qu’il a réquisitionnés sur le trottoir. Au bout de 30 minutes il s’allongera sur sa couche à deux mètres de la bâche qu’il croit être au-dessus de sa tête.
Après avoir discuté avec l’éducateur de rue, Rudy est d’accord pour qu’il vienne le retrouver le lendemain. Ces échanges permettront à l’éducateur d’établir une relation de confiance avec ce grand-père de la rue et de le décider à se laisser guider vers une nouvelle vie.
La mission de la fondation initialement orientée uniquement vers les enfants évolue avec son temps et les besoins observés. Enfants ou personnes âgées, la vulnérabilité est là. Rudy, avec ses cheveux longs et blancs, son bandana et ses airs de cow-boy est l’exemple même de l’exclusion que le développement économique d’un pays peut engendrer.
Pourtant, son sourire et sa danse de la joie en arrivant au foyer pour personnes âgées sont la preuve même que l’amour sauve et qu’il continuera à sauver les âmes négligées des rues de la capitale.
#Saved By Love ❤️